« Les plantes voyagent. Les herbes surtout. Elles se déplacent en silence à la façon des vents. On ne peut rien contre le vent. En moissonnant les nuages, on serait surpris de récolter d’impondérables semences mêlées de loess, poussières fertiles.
Déjà dans le ciel se dessinent d’imprévisibles paysages. L’évolution y trouve son compte. La société non. Le moindre projet gestionnaire se heurte au calendrier prévisionnel.
Comment ordonner, hiérarchiser, taxer : le possible surgit à tout moment.
Comment maintenir le paysage, quelle grille technocratique appliquer aux débordements de la nature, à sa violence ?
Le projet de contrôle total trouve des alliés inattendus : les radicaux de l’écologie, les tenants de la nostalgie. Rien ne doit changer, notre passé en dépend. ; ou bien : rien ne doit changer, la biodiversité en dépend.
Haro sur le vagabondage ! »
Gilles Clémént, paysagiste, jardinier
in « Neuf Jardins, approche du jardin planétaire » – Éditions Actes Sud – 2008