Reflet d’une nature policée et domestiquée – arbres taillés en rideau, bacs fleuris, jardinières suspendues, rond-points paysagers – le fleurissement urbain est encore trop souvent le résultat d’une gestion très horticole de nos espaces.
Cependant, les politiques territoriales intégrant de plus en plus les enjeux écologiques font désormais évoluer les pratiques et notre regard sur une flore spontanée, plus libre, moins maîtrisée.

Favoriser les espèces végétales indigènes
La loi de transition énergétique pour la croissance verte adoptée en 2015 prévoit la mise en place de l’objectif zéro pesticide dans les espaces verts en 2017 et les jardins en 2019. On assiste également à une demande sociale d’un cadre de vie plus naturel. C’est dans ce contexte qu‘a été publiée en France une nouvelle stratégie Nationale pour la Biodiversité (2010-2020) dont l’une des thématiques concerne la conservation et l’utilisation durable d’espèces végétales indigènes pour développer des filières locales.

Le fleurissement écologique apparaît alors comme un outil de sensibilisation unique pour la découverte de la flore locale. L’utilisation des plantes régionales permet de renforcer les espèces qui peu à peu disparaissent de notre environnement afin de recréer un véritable écosystème en milieu urbain et ainsi favoriser la biodiversité.

Respecter les équilibres naturels
Il convient donc de mettre en place un fleurissement raisonné, compatible avec une certaine recherche esthétique tout en respectant, voir en restaurant les équilibres naturels. Le fleurissement s’intègre alors au paysage local, qu’il soit urbain ou rural. Raisonner le choix d’une plante revient donc à considérer tout à la fois son attrait esthétique, sa rusticité et son intérêt écologique.

Un tel acte d’aménager s’inscrit dans une gestion différenciée des espaces. Ce mode de gestion offre un cadre d’intervention qui permet :

  • d’aménager les espaces verts suivant les objectifs d’usage et les caractéristiques biologiques particulières aux différentes zones urbaines ;
  • de respecter les équilibres naturels en préservant la faune et la flore locale ainsi que les ressources naturelles ;
  • de mieux gérer le patrimoine vert de la ville en intégrant des objectifs précis et en tenant compte des moyens humains.

Expliquer et diffuser les bonnes pratiques
Des missions d’animation et des guides sont mis en place dans le but de la sensibiliser et de diffuser le concept de gestion différenciée auprès des collectivités et des professionnels de l’environnement et du paysage. Une méthodologie de mise en œuvre est ainsi diffusée par l’association Plante & Cité. C’est le cas également dans la région Hauts de France avec l’appui de l’association Nord Nature Chico Mendés.
Enfin, citons l’exemple du programme Ecotype lancé par des universités belges qui consiste à récolter et à mettre en collection des écotypes de plantes sauvages caractéristiques des milieux d’une région. Les espèces choisies sont communes, rustiques et à large amplitude écologique. Elles présentent par ailleurs un intérêt esthétique et favorisent les interactions avec l’entomofaune. À la suite de leur création, ces collections sont commercialisées par la société ECOSEM. C’est une alternative intéressante aux mélanges commerciaux dits de « prairies fleuries » constituées d ‘espèces exotiques et de variétés horticoles. Il nous faut réapprendre la nature pour que le fleurissement de demain soit à la fois durable et désirable.

Association Nord Nature Chico Mendés
Gestion différenciée - www.gestiondifferenciee.be
Corridor biologique - Ville de Pacé I 35
Sources et crédits photographiques
  • http://www.nn-chicomendes.org/
  • http://www.plante-et-cite.fr/
  • http://www.nordpasdecalaispicardie.fr/
  • http://www.ecosem.be/
  • http://www.gestiondifferenciee.be
  • http://www.ville-pace.fr