En Belgique, dans la région des carrières de Tournai-Antoing appelée Le Pays Blanc, les anciens fours à chaux étaient encore actifs jusqu’en 1940. Témoin d’une forte industrie du bassin carrier, ce site est resté à l’abandon depuis que les ouvriers ont quitté les lieux. Ces constructions monumentales de pierre de Tournai, une pierre calcaire très dure, possèdent une dimension symbolique et mémorielle. C’est pourquoi, depuis 1997, la fondation Famawiwi, un collectif de quatre architectes* a fait l’acquisition du site. Les passeurs de mémoire, comme ils se nomment, souhaitent redonner vie à ce lieu historique et lui assurer une pérennité.
Suite à l’arrêt de la production de chaux hydraulique, la végétation a repris ses droits et a envahit, à plus de douze mètres de haut, la partie supérieure des fours. C’est là-haut, sous les arbres, que le collectif d’architectes a imaginé donner une nouvelle vie à ce jardin surprenant. En effet, les cendres des personnes qui en ont exprimé le souhait sont désormais épandues sur la terre du jardin aérien. Les anciens fours à chaux accueillent ainsi un lieu de sépulture contemporain et inédit.
A propos de ce lieu, Éric Marchal* dit : «Il s’agit de passer le témoin, comme l’ont fait avant nous ceux qui savaient déjà que le site irait plus loin qu’eux-mêmes, au temps des ouvriers bâtisseurs.»
Chaque sépulture est matérialisée par un «passe-mémoire», un cylindre métallique sur lequel est gravé le nom du défunt, sa date de naissance et de décès. Au-dessus du passe-mémoire on peut installer, suivant le souhait du défunt, une œuvre artistique. Ainsi, le site devient un lieu de réflexion et de discussion sur le thème de l’art, de la mémoire et développe divers projets artistiques et mémoriels contemporains.
* Dominique FAvot, Eric MArchal, Quentin WIlbaut et Mathieu WIlputte
* Éric Marchal, co-fondateur du collectif Famawiwi