« Le jardin est donc un lieu très privilégié.
A l’intérieur du jardin le harcèlement existentiel s’évanouit. Il n’est plus question de savoir où se diriger et selon quel ordre de bienséance orienter ses gestes et son regard. Il n’est plus question de mode d’ajustement à une prétendue modernité. Inutile d’épater les oiseaux par un quelconque esprit managérial de compétitivité. Au jardin, il suffit d’être et cela demande un silence.
Le silence dont je parle, ne concerne pas l’espace de l’enclos par nature soumis au discret vacarme des animaux, mais celui qu’il faut aller puiser au-dedans de soi-même en se débarrassant un à un des encombrants savoirs comme on le fait de vêtements inutiles. La présence au jardin suppose l’esprit nu et le corps exposé.
Il est alors possible de rêver. »
Gilles Clément