« Le rêve est à l’utopie ce que le vagabondage est au voyage : une errance mentale sauvage et salutaire. Le rêve fait un usage libre des images et des symboles selon un processus analogique. Sa capacité à désorganiser l’état de conscience étonne. Le rêve éveillé intervient parfois en amont du projet conjointement à l’utopie à laquelle il tente de s’accorder. Il se déploie à l’évocation du projet (faire rêver). À l’image des silences consécutifs aux grandes exécutions, il prolonge l’œuvre et, de façon contradictoire, lui donne une garantie d’existence. Pour les aborigènes australiens, la réalité n’est pas le paysage traversé mais le paysage rêvé. »

Abécédaire pour une écologie humaniste

Gilles Clément, Louisa Jones

in « Une écologie humaniste » – Éditions Aubanel – 2007