De Tokyo à Berlin, de Montréal à Paris, des fermes urbaines se développent, portées par des collectifs d’habitants, d’architectes, d’agronomes, d’artistes… Un paradoxe à une époque où le foncier en ville vaut de l’or.

Ces sites, tous singuliers, répondent à la fois à un besoin de nature… et à la préoccupation des urbains de mieux connaître ce qu’ils mangent, qui le produit et comment. Ce sont aussi des lieux de vie culturels, d’échanges, de croisement.

Juchés sur des toits d’immeubles, comme la Brooklyn Grange, à New York, ou dans des parcs comme le Princess Garden de Berlin, ces « urban green farms » rassemblent des jardiniers locavores (qui mangent local), des bidouilleurs gastronomes et des citadins défendant une économie participative…

Bien souvent, la production de fruits, légumes, œufs, est transformée par des restaurants ou des cantines intégrées au projet. C’est le cas de Roberta, une pizzeria du quartier, qui se fournit à la Brooklyn Grange.

En région parisienne, à dix minutes de train de la gare Saint-Lazare, Agrocité s’est installée depuis 2009, « sur une parcelle de 3 000 m2, entre de grands ensembles et une zone pavillonnaire de la ville de Colombes », décrit Constantin Petcou de l’Atelier d’architecture autogérée (AAA) et du réseau Rurban. Le projet est soutenu par l’Europe, la région Ile-de-France, la commune.

Un souci de productivité divisé en trois espaces – terrain de maraîchage, jardins partagés, zone d’activités culturelle et pédagogique – Agrocité commence à produire cette année tomates, salades, pommes de terre…. Avant cela, il a fallu aménager des systèmes d’irrigation, phyto-épuration (à l’aide de plantes), récupération d’eau de pluie, des locaux, et reconstituer le sol.

Un ingénieur agronome et un architecte-horticulteur y travaillent à temps plein avec des bénévoles. Des tests en permaculture (science et art de l’aménagement du territoire), biodynamie (système de production qui considère qu’il faut apporter le moins de chose possible aux sols cultivés et aux cultures), culture hors-sol y sont menés… La micro-ferme comprend aussi un poulailler, des ruchers, une école de compostage. Bientôt naîtront une champignonnière et une cantine pour le quartier…

Co-initiateur du projet, Constantin Petcou estime que les expériences d’agriculture urbaine telles qu’ Agrocité « se distinguent des espaces de loisirs liés à l’environnement, à la nourriture tels les jardins partagés car on y ajoute une dimension économique, avec un réel souci de productivité ».

Anne-Élisabeth BERTUCCI

Ouest-France – 11/09/2014

Melissa Cippolone (Brooklyn), DR (Berlin), DR (Colombes)
Sources et crédits photographiques
  • Photos de haut en bas : Melissa Cippolone (Brooklyn), DR (Berlin), DR (Colombes)
  • Images et article parus dans Ouest-France le 11/09/2014