Un acteur majeur du paysage japonais à l’orée du 20ème siècle
Paysagiste et historien de l’art des jardins, Mirei Shigemori a joué un rôle déterminant dans la création et la réinvention du paysage et des jardins japonais, dont Il a transformé l’approche conventionnelle partout dans le monde. Ses créations allient le « style japonais » et le « style moderne occidental » avec talent et originalité. Il servira d’exemple pour des générations de paysagistes.
Revisiter le jardin zen
Né en 1896 et mort en 1975, Shigemori a marqué la fin du 20ème siècle en faisant preuve à la fois d’un fort attachement à ses racines, et d’une grande innovation dans le domaine du paysage.
Très érudit, il consacre sa vie à l’art des jardins avec près de deux cents créations de jardins originaux et plus de quatre-vingts ouvrages. Il effectue un impressionnant travail de restauration de plusieurs jardins, et contribue ainsi grandement à la valorisation de ce patrimoine fragile.
Sa rencontre avec Noguchi Isamu, au cours d’un échange avec l’Occident est décisive pour sa vision du jardin. Celle-ci sera basée sur la démonstration d’un possible accord entre la culture ancestrale des jardins japonais et la modernité du siècle. Shigemori réinterprète cet accord à travers le style caractéristique du jardin zen. L’originalité de son travail repose sur l’utilisation et la combinaison de matériaux innovants pour l’époque : pierres et graviers, béton aux formes curvilignes, pavages géométriques et utilisation de couleurs inédites.
Entre culture japonaise et culture occidentale
Les œuvres de Shigemori font partie intégrante du patrimoine japonais. L’une de ses œuvres phare est la monumentale Encyclopédie historique des jardins japonais – Nihon teienshi zukan, comprenant un inventaire de plus de 250 jardins.
Ses recherches le conduisent à identifier les jardins en déshérence et à s’engager dans de nombreuses restaurations, permettant à plusieurs d’entre eux de devenir des éléments de patrimoine protégés.
Il est également l’auteur du très célèbre jardin Tōfuku-ji, une de ses premières et plus célèbres créations. Suivant les préceptes du zen, ce jardin est dirigé par un moine. Commanditaire du projet, celui-ci confie la réhabilitation du jardin à Shigemori avec pour seule contrainte la réutilisation de pavements anciens. Il lance grâce à ce projet les bases du renouveau de l’art japonais des jardins.
Shigemori va créer dans ce jardin plusieurs scènes basées sur une transposition de paysages célèbres à l’échelle réduite, suivant la philosophie zen. Par une approche créative de la contrainte, il va dans l’une d’elle disséminer de manière aléatoire les pavements anciens afin de créer une structure à la fois rigide et souple où alternent pavés et mousse. Shigemori en fera un classique de l’histoire des jardins.
A travers ses œuvres, Shigemori plaide donc pour une approche hybride, dans laquelle le passé inspire sans bloquer l’innovation. Bien que son travail soit encore méconnu en Europe, il est largement reconnu au Japon, et a contribué à la richesse du patrimoine de l’archipel nippon.
Sources et crédits photographiques
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Toufuku-ji_hojyo7.JPG
- https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Shigemori-Tofukuji-W.jpg
- https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Toufuku-ji_hojyo3.JPG
- https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Komyozenji_temple_garden_3.JPG
- http://www.projetsdepaysage.fr/shigemori_mirei_un_regard_creatif_sur_l_art_des_jardins
- http://www.tofukuji.jp/english/