« Aux côtés de la cour, on voit un grand jardin, avec ses quatre arpents enclos dans une enceinte. C’est d’abord un verger dont les hautes ramures, poiriers et grenadiers et pommiers aux fruits d’or et puissants oliviers et figuiers domestiques, portent, sans se lasser ni s’arrêter, leurs fruits ; l’hiver comme l’été, toute l’année, ils donnent ; l’haleine du Zéphyr, qui souffle sans relâche, fait bourgeonner les uns, et les autres donner la jeune poire auprès de la poire vieillie, la pomme sur la pomme, la grappe sur la grappe, la figue sur la figue. Plus loin, chargé de fruits, c’est un carré de vignes, dont la moitié, sans ombre, au soleil se rôtit, et déjà l’on vendange et l’on foule les grappes ; mais dans l’autre moitié, les grappes encor vertes laissent tomber la fleur ou ne font que rougir. Enfin, les derniers ceps bordent les plates-bandes du plus soigné, du plus complet des potagers ; vert en toute saison, il y coule deux sources ; l’une est pour le jardin, qu’elle arrose en entier, et l’autre, sous le seuil de la cour, se détourne vers la haute maison, où s’en viennent à l’eau tous les gens de la ville. Tels étaient les présents magnifiques des dieux au roi Alkinoos. »

Homère, Odyssée VII, le jardin d’Alkinoos, 112-132, traduction de Vincent Bérar, 1931

Sources et crédits photographiques
  • http://lesjardinsdalkinoos.overblog.com/comment-ne-pas-parler-d-homere