Les habitants de l’écoquartier Camille-Claudel à Palaiseau se sont vu rétrocéder en novembre la gestion d’espaces verts qui stockent l’eau de pluie, la dépolluent et alimentent la chaufferie locale.
Urbaniser des terres agricoles en bord de plateau, au-dessus du reste de la ville, comporte un risque. Pour son nouveau quartier Camille-Claudel, la ville de Palaiseau avait exigé que l’aménagement tienne compte des pluies exceptionnelles. « Nous avons démontré que dans les 12 à 15 % d’espaces verts classiques d’une opération, on peut gérer un risque inondation à 50 ans, avec un aménagement compact, sans plans d’eau et postes de relevage dévoreurs de foncier », se réjouit Thierry Jacquet, président de Phytorestore et architecte paysagiste du site.
Un quartier végétalisé
L’écoquartier flambant neuf, où 1.456 logements ont été livrés entre mi-2015 et mi-2016, est traversé de deux coulées vertes, réservées aux piétons, où se côtoient jeux pour enfants, bancs, tables de ping-pong et fossés herbeux humides qui lèchent les façades des immeubles. Ces « noues de stockage » réceptionnent les eaux pluviales des bâtiments, une partie rejoignant de grandes cuves enterrées pour répondre aux besoins d’arrosage. D’autres fossés situés le long des rues du quartier, également végétalisés (scirpes, carex, joncs, iris…), récupèrent et dépolluent les eaux pluviales tombées sur la voirie. Au final, le réseau de noues est en mesure d’absorber des pluies exceptionnelles, mais l’eau y est filtrée par les végétaux. Et c’est estampillée du label « très bon état écologique » qu’elle est pour l’essentiel rejetée dans la rigole domaniale située à proximité, construite au XVIIe siècle pour alimenter le château de Versailles, le tout grâce à un système entièrement gravitaire.
Pour parvenir à ce résultat, la Société anonyme d’économie mixte locale (SAEML) Scientipôle Aménagement, maître d’ouvrage, et Phytorestore ont travaillé en amont, intégrant, dès la réponse à l’appel d’offres pour la concession d’aménagement, toutes les contraintes dans le plan de masse du futur quartier. Le scénario supposait de l’anticipation donc, mais aussi de la constance face aux interrogations du groupement de promoteurs retenu (Bouygues Immobilier, Eiffage Immobilier, Kaufman & Broad, Nexity Apollonia). « Nous leur avons imposé de nombreuses contraintes et les avons enfermés dans un cadre technico-juridique », explique François Dabin, directeur général adjoint de Scientipôle Aménagement. Des contraintes qui concernaient aussi bien les rejets d’eaux pluviales que le raccordement à la chaufferie biomasse, autre élément prévu dès l’origine dans le quartier, fruit de recherches et études menées par EDF, l’un des actionnaire de la SAEML aux côtés de l’agglomération Paris Saclay.
La taille des espaces verts du quartier devrait fournir 1.000 des 5.000 tonnes de biomasse nécessaires à la chaufferie chaque année. Le produit de la vente de ces déchets végétaux permettra de financer l’entretien des espaces verts qui viennent d’être rétrocédés en novembre à deux associations syndicales libres composées des habitants. Après avoir soutenu le projet à tous les stades d’une concertation nourrie, ils vont pouvoir imprimer leur marque sur ces espaces partagés. Mais Phytorestore leur a laissé quelques fiches conseils. Il ne s’agirait pas de remplacer tous les joncs par des géraniums…
Par Marie Bidault // Article paru dans Les Échos.fr le Le 07/12 à 06:00
Sources et crédits photographiques
- http://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-des-marches-publics/0211561389655-des-plantes-a-tout-faire-2048666.php#3XedX6TrdeswKsR1.99
- Photo : Phytorestore – Thierry Jacquet